De Ventiane à Don Khone, en passant par Thakek, Paksé et Champasak
La capitale du Laos aura principalement été une étape sur notre parcours. Au rythme des laossiens nous avons flâné sur l'avenue principale fermée à la circulation et bordant le Mékong, nous avons découvert l'étonnant Buddha Park avec des représentations surprenantes et étonnantes ..
Nous ne nous sommes pas attardé non plus à Thakek. La région regorge de merveilles mais pour les explorer il faut partir pendant 3-4 jours en moto ... quelques kilomètres à trois sur un scooter on gère par contre dévorer des centaines de kilomètres de pistes nous a semblé un peu trop ambitieux ...
C'est donc avec un peu de regret qu'on se décide à quitter Thakek pour rejoindre Paksé.
Une étape qui aura été une vraie aventure à elle toute seule ! On vous raconte ..
Début de soirée : ayant appris que pour rejoindre Paksé le lendemain, il n'y aurait pas de bus climatisé ni de mini-van mais uniquement des bus locaux qui mettraient près de 12 heures à effectuer les 335 kms, je creuse un peu pour finalement apprendre qu'il y a un bus de nuit, avec couchettes, qui fait le trajet en 6h ...
La solution est là, reste à se procurer les informations pour pouvoir prendre ce bus ... ce bus part de Ventiane et comme l'achat de billet n'est pas informatisé il faut attendre que le bus passe dans la ville pour savoir s'il reste de la place !
Le bus passe entre minuit et une heure du matin et je me vois mal me rendre à la gare (à 3 km) avec enfants et bagages dans d'hypothétiques places ...
Avec un autre couple français on arrive à convaincre l'hôtel de contacter la station de bus afin qu'elle rentre en contact avec le chauffeur, après son départ de Ventiane, afin de savoir s'il reste de la place .. négos difficiles mais ça marche ! Il y encore de la place ..
Sur le coup de minuit on lève le camp pour la gare ... il n'y a plus qu'à patienter sans se faire alpaguer par les chauffeurs des autres bus locaux qui essayent de nous récupérer en nous faisant croire que notre fameux bus ne passera pas ...
Il est un peu plus d'une heure quand notre bus fait son entrée en gare ... avec pleins de couchettes disponibles ! top ! le confort est très rudimentaire mais on a la chance de pouvoir prendre une couchette double chacun ... à savoir que les couchettes sont plutôt petites, l'hygiène de la literie douteuse et l'état du bus très avancé ..
Au premier virage les gars s'endorment .. les veinards .. On roule depuis vingt minutes à peine que le bus s'arrête dans une station essence ... fait le plein d'essence et d'eau ... quand tout à coup on entend des voix s'élever du niveau inférieur, des cris d'enfants et soudain ... des bruits sortant d'une caisse à outils ... le moteur s'arrête ... plus de bruit ...
30 minutes plus tard, ne tenant plus, je me lève et sors du bus ... les portes sont grandes ouvertes (une aération toute relative au regard de la chaleur qu'il fait encore à passé minuit), la cabine conducteur est vide et il n'y a aucun signe apparent de panne !
Je fais le tour du bus pour finalement trouver les deux chauffeurs papotant sur le bas côté. Je baragouine comme je peux pour essayer de savoir ce qu'il se passe ... bus broken ? bus kaput ? ... ils se lèvent ... je m'imagine naïvement qu'ils partent en chasse d'une âme compréhensible qui pourra m'éclairer ... que neni ! ils partent simplement s'installer à l'autre bout de la station essence pour pouvoir papoter tranquillement !! Je dérange peut être ? le message est clair ... je remonte dans le bus sans en savoir plus.
Alors que je mettais assoupis j'entends le bruit du moteur d'un autre bus .. je regarde par la fenêtre ... ehh mince c'est un autre bus couchette, avec des places libres aussi, qui reprend la route .. lui ! Je fulmine un brin ..
C'est un nouveau bruit de moteur qui me tire de mon sommeil mais cette fois ci je bondis hors du véhicule pour l'attraper. Alors que je me dirige vers le chauffeur de l'autre bus, trois gars m’aboient littéralement dessus en m'ordonnant de remonter dans mon bus. Mes bras gesticulent dans tous les sens, je grogne en tentant de faire comprendre que j'aimerais changer de bus ... rien n'y fait. L'un d'eux me glace d'un regard noir et me montrant mon bus du doigt.
Au même moment les gars réveillent les passagers du second bus, leurs demandant de descendre et vident les soutes à bagages !
Arghhhh .... tout devient clair ! je remonte illico dans mon bus pour m'installer cette fois ci à côté de Raphaël car il est évident qu'il n'y aura pas assez de place pour tout le monde ! Plus d'une vingtaine de passagers sont ainsi débarqués dans notre bus. Certains sont jusqu'à 4 dans une couchette. Samuel lui se retrouve avec un monsieur qui sent l'alcool et dont le portable sonnera à plusieurs reprises pendant le trajet ! Pas la peine de vous dire que j'ai gardé un œil autant que j'ai pu sur ce compagnon de voyage ...
Il est 3h30 du matin quand le bus se décide à reprendre la route. Nous pouvons enfin attaquer nos 6heures de trajet.
La suite de la nuit est toute relative pour moi ... je veille, je lutte contre le sommeil ... nos corps ondulent des pieds à la tête au gré des nombreux nids de poules ... et je relativise à la vue de la situation d'autres passagers et de la perspective de ce qu'aurait pu être les 12 heures de trajet, assis, en plein jour dans une chaleur insoutenable dans un bus bondé !
Quant à Samuel et Raphaël ... ils ont trouvé le bus couchette super et on hâte d'en reprendre un !